Née dans un modeste atelier parisien en 1825, la maison Buffet-Crampon a su traverser deux siècles d’histoire pour s’imposer comme la référence absolue de la clarinette. De la main de Denis Buffet Auger aux grandes salles de concert du monde entier, son nom est devenu synonyme d’excellence, de tradition et d’innovation.
Mais au-delà d’une simple success story industrielle, c’est une véritable épopée musicale qui s’écrit, car Buffet-Crampon n’a jamais cessé d’incarner un équilibre rare : celui d’un savoir-faire artisanal jalousement préservé et d’une audace visionnaire capable de réinventer sans trahir. En perfectionnant le système Boehm, en donnant naissance à des modèles devenus mythiques comme la R13 ou la Tosca, la maison a façonné l’identité même de la clarinette moderne.
C’est à la découverte de cette aventure que nous vous invitons. Une histoire faite de passion, de rencontres et de défis, où les plus grands clarinettistes du monde ont trouvé un partenaire fidèle, et où chaque instrument porte en lui la mémoire d’un héritage vivant. De Paris à New York, de Mantes-la-Ville aux scènes de Tokyo, voici le récit de cette maison française devenue numéro un mondial.
Des débuts parisiens à l’invention du système Boehm (1825 – 1885)
Tout commence en 1825, dans le tumulte du Paris post-napoléonien. Au détour d’une petite rue du centre-ville, Denis Buffet Auger installe son atelier. Dans cette capitale où la musique est partout – des salons bourgeois aux fanfares militaires – il choisit de se consacrer à la clarinette.
Son pari est audacieux : améliorer un instrument encore jeune, qui n’a pas la notoriété du violon ou du piano, mais qui séduit de plus en plus les orchestres. Ses clarinettes à treize clés, à la facture soignée et au son rond, attirent vite l’attention. Les musiciens parisiens s’arrachent ces instruments qui offrent une justesse et une solidité rarement égalées.
Une génération plus tard, l’atelier se transforme en véritable maison. En 1836, Jean-Louis Buffet, fils du fondateur, épouse Zoé Crampon. Cette union, à la fois amoureuse et stratégique, scelle la naissance d’un nom qui traversera les siècles : Buffet Crampon.
En 1850, l’entreprise franchit un cap décisif. Jean-Louis, son frère Louis et Ferdinand Tournier fondent officiellement la société Buffet Crampon et Cie, installant de nouveaux ateliers à Mantes-la-Ville, petite ville de l’ouest parisien qui deviendra le berceau historique de la marque. Ce déménagement n’est pas anodin : il permet de structurer la production, de passer du geste artisanal au savoir-faire organisé, sans rien perdre de la finesse des origines.
Mais la véritable révolution vient d’une rencontre. Louis-Auguste Buffet, membre de la famille, collabore avec Hyacinthe Klosé, clarinettiste virtuose et professeur au Conservatoire de Paris. Ensemble, ils adaptent à la clarinette le système imaginé par Theobald Boehm pour la flûte. Ce système, basé sur des anneaux mobiles et un placement repensé des clés, transforme radicalement l’instrument. Fini les doigtés laborieux, les approximations de justesse et les limites mécaniques : la clarinette gagne en souplesse, en vélocité et en précision.
C’est un tournant majeur. Le « système Boehm », adopté dès les années 1840, s’impose rapidement comme la norme dans presque tout le monde occidental, à l’exception de l’Allemagne et de l’Autriche qui resteront fidèles au système Oehler.
Pour Buffet Crampon, cette innovation est un tremplin extraordinaire. La maison n’est plus seulement un atelier réputé : elle devient le moteur d’une révolution instrumentale. Les musiciens comprennent qu’avec une clarinette Buffet-Crampon, ils disposent d’un instrument plus moderne, plus fiable, capable d’accompagner les répertoires les plus exigeants.
Les décennies suivantes confirment cette ascension. La maison diversifie sa production et fabrique, dès 1866, ses premiers saxophones, à peine vingt ans après l’invention d’Adolphe Sax. Elle gagne en visibilité internationale et décroche des médailles d’or aux Expositions universelles de Paris en 1878 puis en 1889.
Ces récompenses ne sont pas de simples distinctions honorifiques : elles consacrent Buffet-Crampon comme un acteur majeur de la facture instrumentale française, reconnu pour sa capacité à marier tradition et innovation.
À la fin du XIXe siècle, Buffet-Crampon a déjà posé les bases de son empire. Elle domine le marché de la clarinette, incarne le prestige du savoir-faire français et s’impose comme l’un des symboles de cette lutherie d’excellence qui rayonne bien au-delà de Paris. La maison a trouvé sa voie : être toujours à l’avant-garde de l’innovation, sans jamais renier l’artisanat patient des origines.
De la maison familiale au groupe industriel (1885 – 1980)
À la fin du XIXe siècle, après plusieurs évolutions, Buffet-Crampon est racheté et passe sous la direction de Paul Evette et Ernest Schaeffer, qui vont jouer un rôle majeur dans l’expansion commerciale de la marque et la diversification des gammes sous l’appellation Evette & Schaeffer. Le passage de relais s’opère progressivement à partir de 1877 et la marque Evette & Schaeffer commence à être utilisée au tournant des années 1880.
Leur arrivée marque un tournant stratégique : Buffet-Crampon ne sera plus seulement un atelier d’excellence, mais une véritable maison capable de structurer son offre, d’élargir sa clientèle et d’affirmer son identité à l’échelle internationale.
Dès la fin du XIXe siècle, la société met en place une stratégie commerciale habile. Les instruments haut de gamme continuent de porter fièrement le nom Buffet-Crampon, symbole de prestige et de perfection artisanale. Mais pour répondre à la demande croissante d’élèves et d’amateurs, elle développe aussi des gammes sous d’autres appellations, Evette & Schaeffer puis simplement Evette.
Cette segmentation permet à la maison de toucher un public plus large sans diluer son image d’excellence. C’est une intuition de visionnaires : répondre aux musiciens de tous niveaux, du premier souffle d’un élève à l’exigence d’un professionnel confirmé.
Le XXe siècle s’ouvre sous de bons auspices. Les ateliers de Mantes-la-Ville gagnent en renommée et la clarinette Buffet-Crampon devient l’instrument de référence dans les conservatoires européens comme dans les orchestres américains. Mais c’est au milieu du siècle qu’un nom va marquer à jamais l’histoire de la maison : celui de Robert Carrée, acousticien de génie.
En 1955, il conçoit le modèle R13, une clarinette d’une justesse et d’une projection remarquables. Rapidement adoptée par les clarinettistes américains, elle devient l’instrument culte des orchestres d’outre-Atlantique et contribue à asseoir définitivement la réputation mondiale de Buffet-Crampon.
Vingt ans plus tard, en 1975, Carrée signe une nouvelle référence, le modèle RC (qui porte ses initiales). Là encore, la réussite est éclatante : projection, rondeur du timbre, équilibre… Autant de qualités qui séduisent les solistes comme les orchestres. Ces deux instruments incarnent à eux seuls l’esprit Buffet-Crampon : une alliance parfaite entre tradition et recherche, entre le respect de la lutherie artisanale et l’exploration scientifique de l’acoustique.
Tout n’est pourtant pas un long fleuve tranquille. Dans les années 1970 et 1980, la maison connaît un revers sur le marché des saxophones d’étude, laminée par la concurrence des géants japonais comme Yamaha. Cette perte de vitesse révèle la fragilité d’une entreprise trop concentrée sur un seul segment. Mais loin d’annoncer un déclin, cette crise va servir de déclencheur. Buffet-Crampon comprend qu’elle doit se réinventer, diversifier ses savoir-faire et préparer une nouvelle phase de son histoire.
À l’aube des années 1980, la maison est donc à la croisée des chemins. Forte de son prestige et de modèles devenus légendaires, mais consciente des mutations du marché mondial, elle s’apprête à écrire un nouveau chapitre, fait de diversification, de conquêtes et de consolidation internationale.
Diversification et internationalisation (1981 – aujourd’hui)
Au début des années 1980, Buffet-Crampon bascule dans une nouvelle ère. L’entreprise, jusqu’ici centrée sur la clarinette et ancrée dans une histoire familiale, entre dans le giron de grands groupes industriels. En 1981, elle est intégrée à Boosey & Hawkes, acteur majeur de l’édition et de la facture instrumentale. Ce rachat marque le début d’une série de changements de propriétaires qui vont profondément remodeler la maison, mais aussi lui offrir les moyens de ses ambitions.
Après un passage éphémère dans The Music Group au début des années 2000, Buffet-Crampon retrouve une gouvernance française en 2005, sous l’impulsion d’un pool d’investisseurs. Rebaptisée Buffet Group Wind Instruments SAS, l’entreprise reste fidèle à son nom historique tout en affirmant une volonté claire : élargir son horizon et sortir de la dépendance exclusive à la clarinette.
Commence alors une vaste stratégie d’acquisitions. Antoine Courtois et Besson en 2006, Leblanc en 2008, puis W. Schreiber et Julius Keilwerth en 2010 : en moins d’une décennie, la maison bâtit un véritable portefeuille multi-marques. Cors, cuivres, hautbois, flûtes, saxophones : Buffet-Crampon ne se contente plus d’être le maître incontesté de la clarinette, il devient le consolidateur de l’industrie des instruments à vent.
L’entrée du fonds Trail Capital en 2012, suite au rachat du groupe à Argos Soditic, marque une nouvelle phase d’investissement et de développement. Trail Capital contribue notamment à structurer l’internationalisation et au lancement de nouveaux projets, avant la cession au groupe belge Alcopa.
Le rachat de Rigoutat et de Parmenon renforce l’expertise sur les hautbois et les flûtes traversières, tandis que l’arrivée de Bergerault en 2024 ouvre un nouveau chapitre dans le domaine des percussions. En moins d’un demi-siècle, Buffet-Crampon est passé du statut de maison spécialisée à celui de groupe international couvrant toute la famille des vents et au-delà.
Cette diversification s’accompagne d’un ancrage géographique élargi. Les ateliers historiques de Mantes-la-Ville et de Markneukirchen en Allemagne continuent d’incarner l’excellence artisanale, mais le groupe développe aussi des unités de production en Chine, à Pékin et près de Shanghai, dédiées aux instruments d’étude. Les showrooms se multiplient à New York, Paris, Amsterdam, Tokyo. L’entreprise compte près de 1000 salariés et réalise plus de 90 % de son chiffre d’affaires à l’export.
Derrière cette croissance se lit une vision claire : garantir la pérennité du savoir-faire en le plaçant dans un cadre industriel moderne et mondial. Chaque marque intégrée apporte sa couleur, chaque atelier conserve sa tradition, mais tous participent d’une même ambition : rester la référence mondiale des instruments à vent.
Depuis 2023, le groupe est passé sous le contrôle du holding belge Alcopa, qui a repris le flambeau. Une nouvelle étape, qui s’inscrit dans la continuité de deux siècles d’histoire : conjuguer la stabilité d’un héritage français et l’audace d’une entreprise résolument tournée vers l’avenir.
Buffet-Crampon et la clarinette : du Prodige à la Tosca
Si Buffet-Crampon s’est diversifié au fil du temps, la clarinette reste son emblème, son terrain d’excellence absolu. Depuis près de deux siècles, la maison n’a cessé de perfectionner l’instrument, offrant à chaque génération de musiciens des modèles adaptés à leurs besoins, du premier souffle de l’élève à la virtuosité du soliste.
D’un côté, il y a les clarinettes d’étude, conçues pour accompagner les débuts avec sérieux. Le modèle Prodige, né au XXIe siècle, incarne cette philosophie : offrir à un jeune musicien un instrument stable, juste, résistant aux variations de température, tout en lui donnant déjà un timbre proche de celui d’un professionnel. Quelques années plus tard, l’E13 s’adresse à l’amateur averti. Fabriquée en grenadille, elle reprend certaines caractéristiques acoustiques des instruments haut de gamme et devient souvent le premier « vrai » instrument que l’on garde pour des années.
Mais l’histoire de Buffet-Crampon s’écrit surtout avec ses modèles mythiques. La R13, lancée en 1955 par l’acousticien Robert Carrée, est rapidement devenue une légende. Sa projection puissante et sa précision l’ont imposée dans les orchestres américains et auprès de générations entières de clarinettistes. Pour beaucoup, posséder une R13 est un passage obligé, un signe de maturité musicale. Vingt ans plus tard, le modèle RC (pour Robert Carrée) a confirmé cette maîtrise, en offrant un équilibre sonore d’une grande rondeur.
Au sommet de la gamme, la maison a développé des instruments qui incarnent l’art le plus abouti de la lutherie française. La Tosca, avec son ergonomie repensée et sa sonorité d’une clarté exceptionnelle, ou la Divine, fruit d’un travail de recherche sur les matériaux et l’intonation, sont devenues les compagnes de nombreux solistes de renom. Ces instruments sont proposés aussi en version Green LinE, ce matériau composite innovant qui résout le problème des fissures du bois tout en préservant la chaleur sonore de la grenadille.
Un autre trait distinctif de Buffet-Crampon réside dans sa relation avec les musiciens. Depuis toujours, la maison ne se contente pas de fabriquer : elle co-crée. Des artistes-essayeurs comme Paul Meyer, Michel Arrignon, Martin Fröst ou encore Nicolas Baldeyrou participent activement à l’élaboration des modèles, testant, ajustant, suggérant. Ce dialogue permanent entre artisans et interprètes fait toute la force de Buffet-Crampon : chaque instrument naît de la rencontre entre le savoir-faire d’un atelier et l’exigence d’une scène.
Ainsi, de la petite clarinette d’étude jouée à l’école de musique à l’instrument d’exception porté sur les plus grandes scènes du monde, Buffet-Crampon a su construire une gamme cohérente, fidèle à sa mission : accompagner chaque musicien, quel que soit son niveau, dans sa quête de sonorité et de vérité musicale.
| Modèle | Positionnement dans l’histoire de la marque | Avis complet |
|---|---|---|
 Prodige |
Le Prodige a marqué une étape décisive au XXIe siècle : permettre aux jeunes musiciens d’accéder dès leurs premières notes à l’univers sonore de Buffet-Crampon. C’est une réponse moderne au défi de l’enseignement, un instrument robuste et juste, pensé pour familiariser l’élève avec la projection et la rondeur qui font la signature de la maison. | Avis détaillé |
 E11 |
L’E11 a longtemps été le modèle de transition le plus répandu. Introduite dans les conservatoires du monde entier, cette clarinette en grenadille incarne le premier véritable contact avec le bois précieux. Elle a formé des générations entières, et reste une référence pour franchir le seuil entre l’apprentissage et la pratique avancée. | Avis détaillé |
 E12F |
Avec l’E12F, Buffet-Crampon a modernisé la gamme d’étude bois. L’instrument a été conçu comme un véritable pont entre l’E11 et l’E13, offrant projection, intonation stable et ergonomie contemporaine. C’est une réponse à l’évolution des pratiques pédagogiques et un modèle qui a accompagné la démocratisation des clarinettes en grenadille. | Avis détaillé |
| E13
|
L’E13 est l’un des piliers historiques de Buffet-Crampon. Depuis plus d’un demi-siècle, elle accompagne les amateurs avancés et les musiciens passionnés. Elle incarne une étape charnière : suffisamment raffinée pour se mesurer à des répertoires exigeants, mais encore accessible pour rester dans l’univers de l’étude. Son homogénéité et son timbre délicat en font un classique intemporel. | Avis détaillé |
 Gala |
La Gala, entrée de gamme professionnelle apparue récemment, marque la volonté de la maison de proposer une alternative moderne aux modèles mythiques. Elle se situe à la croisée des chemins : assez accessible pour séduire les jeunes professionnels, assez ambitieuse pour rejoindre l’héritage RC et R13. Elle symbolise une nouvelle génération tournée vers la polyvalence et la précision. | Avis détaillé |
 R13 |
Née en 1955, la R13 est devenue une véritable légende. Elle a séduit les orchestres américains et a marqué un tournant dans l’histoire de Buffet-Crampon. Avec son timbre centré et sa projection éclatante, elle est encore aujourd’hui une référence incontournable, symbole de la conquête internationale de la maison. | Avis détaillé |
 RC |
Créée en 1975 par Robert Carrée, la RC s’est imposée comme la “sœur” de la R13, avec une personnalité sonore différente : rondeur, équilibre, souplesse. Elle a profondément marqué la musique de chambre et continue de séduire les musiciens recherchant un instrument à l’élégance européenne affirmée. | Avis détaillé |
| RC Prestige
|
La RC Prestige est une déclinaison raffinée, pensée pour pousser encore plus loin la précision et la finition. Elle illustre la recherche constante de perfection au sein d’une lignée déjà mythique, et reste un choix privilégié pour les solistes à la recherche d’exigence et de subtilité. | Avis détaillé |
| Légende
|
La Légende est un modèle signature qui condense près de deux siècles de savoir-faire. Elle n’est pas seulement une clarinette haut de gamme : elle se veut manifeste artistique, offrant projection ample et richesse harmonique à ceux qui cherchent un instrument à la hauteur de leur ambition musicale. | Avis détaillé |
| Tosca
|
La Tosca, créée pour les solistes internationaux, représente le sommet de la facture contemporaine chez Buffet-Crampon. Ergonomie moderne, expressivité inégalée, justesse irréprochable : elle a été conçue comme un outil total pour affronter les grandes scènes et donner toute la mesure de l’art de l’interprète. | Avis détaillé |
Les clés du leadership mondial
Comment expliquer qu’une maison née dans un petit atelier parisien soit devenue, deux siècles plus tard, la référence mondiale de la clarinette ? La réponse tient dans un savant mélange de fidélité et d’audace, de rigueur artisanale et de vision stratégique :
- D’abord, Buffet-Crampon a su préserver un héritage artisanal unique. À Mantes-la-Ville comme à Markneukirchen, des générations d’ouvriers et de maîtres luthiers ont transmis des gestes séculaires : le choix du bois de grenadille, le travail minutieux du perçage, la précision du clétage. Chaque instrument, même produit dans un cadre industriel, conserve cette empreinte humaine qui le distingue des fabrications standardisées.
- Ensuite, la maison a toujours cultivé l’innovation. L’adaptation du système Boehm au XIXe siècle en fut la première manifestation, suivie au XXe siècle par des modèles révolutionnaires comme la R13 ou la RC. Plus récemment, l’invention du matériau Green LinE, conçu pour pallier les fragilités du bois sans altérer la sonorité, illustre cette capacité à conjuguer tradition et modernité.
- À cette maîtrise technique s’ajoute une stratégie de diversification qui a transformé Buffet-Crampon en un groupe international multi-marques. En intégrant des maisons prestigieuses de cuivres, de flûtes, de hautbois ou de percussions, l’entreprise a réduit sa dépendance à la clarinette, tout en consolidant son rôle de leader dans l’univers des instruments à vent.
- Un autre facteur décisif est la relation privilégiée avec les musiciens. Depuis Hyacinthe Klosé au XIXe siècle jusqu’aux grands solistes d’aujourd’hui, Buffet-Crampon a toujours travaillé main dans la main avec les interprètes. Ce dialogue constant, où l’artiste devient co-créateur, a permis de produire des instruments taillés sur mesure pour les exigences des plus hautes scènes.
- Enfin, Buffet-Crampon a su s’imposer à l’échelle planétaire grâce à une ouverture internationale précoce. Avec 95 % de son chiffre d’affaires réalisé à l’export, des filiales sur trois continents et des showrooms dans les capitales culturelles du monde, la maison a transformé une marque française en symbole global.
Être leader, pour Buffet-Crampon, ce n’est donc pas seulement produire les meilleures clarinettes : c’est conjuguer savoir-faire, innovation, diversification, proximité avec les artistes et rayonnement international. C’est cette alchimie rare qui explique pourquoi, presque deux cents ans après ses débuts, la maison reste indétrônable au sommet.
Conclusion
De l’atelier parisien de Denis Buffet Auger aux ateliers mondialisés de Mantes-la-Ville, Markneukirchen ou Shanghai, l’histoire de Buffet-Crampon est celle d’une maison qui a su traverser le temps sans jamais se trahir. Deux siècles durant, elle a conjugué l’exigence du geste artisanal et l’audace de l’innovation, la fidélité à ses racines françaises et l’ouverture aux scènes du monde entier.
Ce qui frappe, c’est la cohérence de ce parcours. Chaque étape – l’invention du système Boehm, la naissance de modèles mythiques comme la R13, la diversification vers d’autres familles d’instruments – a renforcé une même ambition : offrir aux musiciens des outils d’exception, capables de traduire leurs émotions avec justesse et profondeur.
Aujourd’hui, Buffet-Crampon est plus qu’un fabricant. C’est une institution, un trait d’union entre tradition et modernité, entre l’artisan et l’artiste. En accompagnant les plus grands clarinettistes, en soutenant les premiers pas des élèves, en dialoguant sans cesse avec ceux qui font vivre la musique, la maison a construit un lien de confiance unique.
Voilà pourquoi, près de deux cents ans après sa fondation, Buffet-Crampon s’impose toujours comme le numéro un mondial de la clarinette. Parce que derrière chaque instrument, il y a une histoire, une vision et une passion qui résonnent bien au-delà des salles de concert.
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Article proposé par Jordane FEUILLET
Pianiste depuis l'âge de 8 ans et passionné de musique, Jordane FEUILLET chante aujourd'hui dans plusieurs chœurs, où il continue de perfectionner sa voix de ténor. Curieux et amoureux du répertoire classique, il partage avec enthousiasme ses conseils pour accompagner les musiciens débutants et passionnés dans leur apprentissage.