Vous souhaitez débuter ou approfondir la clarinette, mais vous hésitez encore entre le modèle de clarinette en si bémol et celui en la ? C’est une question que se posent de nombreux clarinettistes, débutants ou confirmés. Car si ces deux instruments appartiennent à la même famille, ils présentent des caractéristiques distinctes qui peuvent influencer votre jeu et votre progression.
Dans cet article, nous vous proposons d’explorer les différences entre la clarinette en si bémol et la clarinette en la, puis de passer en revue les principaux critères pour choisir la clarinette qui vous correspondra le mieux. L’idée n’est pas de les opposer, mais de vous aider à y voir plus clair et à faire un choix éclairé.
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Différences entre la clarinette en si bémol et la clarinette en la
Tonalité et transposition
La première différence entre les deux clarinettes est leur tonalité de base, c’est-à-dire la hauteur réelle des notes qu’elles produisent.
La clarinette en si bémol sonne une seconde majeure plus grave que la notation écrite. Ainsi, lorsqu’un compositeur écrit un do sur la partition, le clarinettiste joue en réalité un si bémol.
La clarinette en la, elle, sonne une tierce mineure plus grave que la notation. Quand le compositeur écrit un do, l’instrumentiste joue un la. On dit que ces clarinettes sont « transpositrices », car elles ne jouent pas en « ut » (comme le piano) mais dans une autre tonalité.
Pourquoi cette transposition ?
Elle permet d’utiliser les mêmes doigtés et la même technique de jeu pour les deux clarinettes, tout en adaptant leur sonorité à différents contextes musicaux. La clarinette en si bémol s’accorde facilement avec les autres instruments transpositeurs (comme la trompette en si bémol), tandis que la clarinette en la se fond mieux avec les cordes (qui sont en ut).
Tessiture et étendue
Au-delà de la tonalité, les deux clarinettes se distinguent par leur tessiture, c’est-à-dire l’ambitus des notes qu’elles peuvent jouer du grave à l’aigu :
- La clarinette en si bémol descend jusqu’au mi bémol grave (écrit ré) et monte jusqu’au do aigu (écrit si bémol). Son registre chalumeau (le plus grave) est riche et moelleux, son clairon (médium) est clair et expressif, son aigu est brillant et incisif.
- La clarinette en la, quant à elle, descend un demi-ton plus bas, jusqu’au ré grave (écrit do) et monte aussi jusqu’au do aigu. Mais du fait de sa transposition, elle sonne légèrement plus haut que la clarinette en si bémol. Son grave est profond et velouté, son médium est chantant et lumineux, son aigu est perçant et virtuose.
Concrètement, les deux clarinettes couvrent quasiment la même étendue de notes, à un demi-ton près. Mais la clarinette en la a un peu plus de facilité et de puissance dans le grave, tandis que la clarinette en si bémol est un peu plus à l’aise et homogène dans l’aigu. C’est une nuance qui peut compter dans le choix d’un répertoire ou d’un rôle dans un ensemble.

Timbre et couleur sonore
Au-delà de la hauteur, c’est surtout par leur timbre que se différencient les deux clarinettes.
La clarinette en si bémol a une sonorité ronde, chaude et veloutée, avec une attaque précise et une projection directe. Son spectre est relativement uniforme sur toute la tessiture, avec une bonne présence des harmoniques impaires qui lui donnent un côté « creux » et liquide.
La clarinette en la, elle, a un son plus « sombre », plus « couvert », avec des grave très profonds et des aigus cristallins. Son attaque est plus douce, plus feutrée, et sa projection plus diffuse, plus enveloppante. Son spectre est moins régulier, avec des « trous » dans certaines zones et des pics de résonance dans d’autres.
Bien sûr, ces différences sont subtiles et dépendent beaucoup du musicien, du matériel et de l’acoustique. Mais elles influent sur la façon de phraser, de nuancer, de colorer la musique avec l’une ou l’autre clarinette.
Répertoire et utilisation
En raison de ces particularités, les deux clarinettes se sont peu à peu spécialisées dans des répertoires et des fonctions distincts :
- La clarinette en si bémol s’est imposée comme la clarinette « standard », la plus utilisée dans la plupart des formations classiques et contemporaines (orchestres, harmonies, musique de chambre, solo…). Elle est très présente dans les œuvres des XVIIIe et XIXe siècles (Mozart, Weber, Brahms…) ainsi que dans le jazz et les musiques actuelles.
- La clarinette en la, moins fréquente, est surtout associée au répertoire symphonique et lyrique du XIXe et du début du XXe siècle. Elle est très prisée des compositeurs romantiques et post-romantiques (Beethoven, Schubert, Mahler…) pour son timbre expressif et poétique, proche de la voix humaine. On la retrouve aussi dans certaines pièces modernes et contemporaines qui exploitent son grave.
Il existe bien sûr de nombreux croisements et exceptions. Des clarinettistes comme Louis Cahuzac ou Michel Portal ont magistralement joué les deux clarinettes, dans tous les styles. Et certains compositeurs (Stravinsky, Boulez, Stockhausen…) ont écrit des pièces qui mettent en valeur leur complémentarité et leur virtuosité.
Mais globalement, la clarinette en si bémol reste la plus polyvalente et la plus demandée, tandis que la clarinette en la apporte une couleur spécifique à certains répertoires.
Critères de choix entre la clarinette en si bémol et la clarinette en la
Niveau et objectifs du clarinettiste
Le premier critère à prendre en compte est votre niveau et vos objectifs en tant que clarinettiste.
Si vous débutez, il est recommandé de commencer par la clarinette en si bémol, qui est la plus répandue et la plus enseignée. Elle vous permettra d’acquérir les bases techniques et musicales de l’instrument, tout en ayant accès à un large répertoire pédagogique et à de nombreux débouchés (orchestres, harmonies…).
Si vous êtes un clarinettiste confirmé, le choix dépendra davantage de vos envies et de vos perspectives. Voulez-vous vous perfectionner dans le répertoire classique et romantique ? La clarinette en la sera un atout. Préférez-vous explorer le jazz, les musiques actuelles ou contemporaines ? La clarinette en si bémol sera plus adaptée. L’idéal est de pouvoir jouer les deux, pour être polyvalent et ouvert à toutes les esthétiques.
Contexte et situation de jeu
Un autre critère important est le contexte dans lequel vous allez principalement jouer.
Si vous visez une carrière dans un orchestre symphonique, il est indispensable de maîtriser la clarinette en la, qui est très demandée dans ce répertoire. Si vous jouez plutôt en harmonie, en big band ou en groupe, la clarinette en si bémol sera plus appropriée et plus facile à accorder avec les autres instruments.
De même, si vous êtes amené à jouer en soliste ou en musique de chambre, le choix se fera en fonction des œuvres et des partenaires.
Certaines pièces emblématiques (le Concerto de Mozart, le Quintette de Brahms…) sont écrites pour la clarinette en la, d’autres (la Rhapsodie de Debussy, le Trio de Stravinsky…) pour la clarinette en si bémol. Il faut être capable de s’adapter et de tirer parti des spécificités de chaque instrument.
Préférences personnelles et sensibilité musicale
Au-delà des aspects objectifs, le choix entre les deux clarinettes est aussi une question de goût et de sensibilité.
Chaque clarinettiste a sa propre personnalité musicale, sa propre conception du son et du phrasé. Certains sont naturellement attirés par la rondeur et la clarté de la clarinette en si bémol, d’autres par la profondeur et le mystère de la clarinette en la.
Il n’y a pas de bon ou de mauvais choix, mais une adéquation à trouver entre l’instrument et le musicien. Le mieux est d’essayer les deux clarinettes, si possible avec différents becs et anches, pour sentir celle qui vous correspond le mieux. Écoutez aussi des enregistrements de grands clarinettistes dans divers répertoires, pour vous imprégner de leur sonorité et de leur style. Peu à peu, votre préférence se dessinera en fonction de vos affinités et de vos projets.
Considérations pratiques
Enfin, le choix entre les deux clarinettes comporte aussi des aspects pratiques à ne pas négliger.
La clarinette en si bémol est généralement un peu moins chère que la clarinette en la (voir notre article sur le prix des clarinettes), car plus produite et demandée. Elle est aussi plus facile à trouver, que ce soit en magasin ou sur le marché de l’occasion, avec un plus grand choix de marques de clarinette et de modèles.
La clarinette en la, moins courante, peut être plus difficile à dénicher, surtout dans les gammes intermédiaires et professionnelles. Elle nécessite aussi parfois des becs et des anches spécifiques, qui ne sont pas toujours compatibles avec ceux de la clarinette en si bémol. Il faut donc prévoir un budget et un temps de recherche plus importants, ainsi qu’un minimum de matériel dédié.
L’entretien et la révision des deux clarinettes sont en revanche assez similaires. Il faut les nettoyer et les sécher après chaque utilisation, faire ramoner les tampons et régler les ressorts régulièrement chez un luthier. La différence de diapason entre les deux (442 Hz pour la clarinette en la, 440 Hz pour la clarinette en si bémol) peut nécessiter un réglage plus fin et plus fréquent.
Possibilité de jouer les deux
Au final, le choix entre la clarinette en si bémol et la clarinette en la n’est pas forcément exclusif. De nombreux clarinettistes professionnels possèdent et pratiquent les deux, en fonction des répertoires et des situations. C’est un investissement qui peut sembler lourd au début, mais qui s’avère vite rentable et enrichissant.
Jouer les deux clarinettes permet d’élargir sa palette sonore et expressive, de s’ouvrir à tous les styles musicaux, de multiplier les opportunités de jeu et de collaborations. C’est aussi une excellente gymnastique pour l’oreille et les doigtés, qui renforce la maîtrise globale de l’instrument. Beaucoup de grands solistes (de Jack Brymer à Paul Meyer en passant par Sharon Kam) ont su tirer le meilleur des deux clarinettes, en les sublimant l’une par l’autre.
Alors, si votre budget et votre motivation le permettent, n’hésitez pas à explorer les deux univers de la clarinette. Vous découvrirez qu’ils sont plus complémentaires qu’opposés, et qu’ils ne demandent qu’à dialoguer et à s’enrichir mutuellement, pour le plus grand bonheur des musiciens et du public !
Conclusion
Clarinette en si bémol ou en la ?
La réponse à cette question dépend finalement de nombreux paramètres, à la fois techniques, musicaux et personnels.
Connaître les différences entre les deux instruments est indispensable pour faire un choix éclairé, en fonction de son niveau, de ses objectifs et de sa sensibilité.
Mais ce choix n’est pas définitif ni limitatif.
L’idéal est de pouvoir jouer les deux clarinettes de façon complémentaire, pour explorer toutes les facettes de cet instrument fascinant qu’est la clarinette.
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