La Symphonie Inachevée de Schubert : un mystère toujours fascinant

Franz Schubert, compositeur autrichien de génie, a laissé un héritage musical incomparable. Parmi ses œuvres les plus célèbres figure la Symphonie n°8 en si mineur, plus connue sous le nom de « Symphonie Inachevée ». Avec ses deux seuls mouvements complets, cette œuvre intrigue depuis près de deux siècles.

Pourquoi Schubert n’a-t-il pas achevé cette symphonie ? Si plusieurs théories ont vu le jour, de récentes recherches apportent de nouveaux éléments à cette énigme, tout en laissant la place à l’imagination.

Une œuvre née dans des circonstances troublantes

Composée en 1822 mais jouée pour la première fois seulement en 1865, la Symphonie Inachevée a marqué les esprits dès sa création. Ses deux mouvements, l’Allegro moderato et l’Andante con moto, se suffisent presque à eux-mêmes tant leur perfection formelle et leur intensité émotionnelle sont impressionnantes.

Pourtant, ils ne constituent que la moitié d’une structure traditionnelle en quatre mouvements, alimentant des spéculations sur les raisons de cet inachèvement.

À l’époque, Schubert faisait face à des difficultés personnelles et professionnelles. Atteint de syphilis depuis peu, il était sans doute conscient de la gravité de sa maladie. Certains pensent qu’il a tout simplement abandonné la symphonie, accaparé par d’autres commandes ou projets. D’autres avancent que Schubert, perfectionniste, aurait préféré ne pas poursuivre une œuvre qu’il ne considérait pas satisfaisante. Enfin, une hypothèse soutient que des mouvements auraient été perdus ou détruits.

Des découvertes récentes : « Rosamunde » en question

En 2018, une équipe de musicologues a exploré une nouvelle piste intriguante. Ils ont proposé que le troisième mouvement manquant de la Symphonie Inachevée pourrait être identifié dans un autre travail de Schubert : l’Entr’acte en si mineur de la musique de scène pour « Rosamunde ».

Leur théorie repose sur plusieurs observations : la tonalité de l’Entr’acte correspond à celle de la symphonie, et son style s’intègre naturellement dans la continuité des deux mouvements existants. Toutefois, il est possible que Schubert ait réutilisé ce matériau pour répondre à une commande urgente liée à « Rosamunde », pratique courante chez les compositeurs de l’époque. Cette hypothèse, bien qu’intrigante, reste débattue et n’est pas unanimement acceptée dans la communauté musicologique.

Une esquisse pour un quatrième mouvement ?

En parallèle, des esquisses découvertes dans les archives de Schubert pourraient correspondre à un scherzo ou un finale pour la symphonie. L’une d’elles, une ébauche pour piano datée de 1828, reprend des motifs similaires aux mouvements existants. Cependant, ces fragments, bien que prometteurs, sont trop rudimentaires pour être assemblés en un mouvement complet.

L’inachèvement comme source de fascination

Malgré ces avancées, le mystère entourant la Symphonie Inachevée perdure. Ces théories enrichissent notre compréhension de l’œuvre mais ne fournissent pas de réponse définitive. Pourtant, cette incomplétude participe à la magie de la symphonie. Elle nous rappelle que l’art, parfois, ne se termine pas dans un cadre prévisible, mais dans une forme ouverte qui inspire contemplation et questionnement.

En fin de compte, la Symphonie n°8 de Schubert demeure un témoignage poignant de son génie, même dans son imperfection. Son caractère inachevé nous invite à écouter avec une oreille curieuse, à chercher des réponses tout en acceptant l’idée que le mystère, lui aussi, peut être une forme d’art.