chants de gorge mongols

L’énigme des chants de gorge mongols et leur technique unique

Au cœur des steppes infinies de Mongolie résonne un chant étrange et envoûtant. Tantôt bourdonnant comme le vent dans les hautes herbes, tantôt sifflant comme un envol d’oiseaux, il semble émaner de la terre elle-même. Ce sont les fameux chants de gorge mongols, une tradition mystérieuse qui plonge ses racines dans la nuit des temps.

Il existe en réalité plusieurs styles de chants de gorge mongols, chacun avec ses particularités :

  • Le khöömii est le plus répandu, reconnaissable à ses deux sons simultanés – une basse continue et une mélodie d’harmoniques.
  • Le kargyraa se caractérise par ses sonorités graves et profondes, évoquant le grondement sourd de la terre.
  • Le sygyt, à l’inverse, est aigu et sifflant, rappelant le cri perçant d’un rapace.
  • Quant au borbangnadyr, il est le plus rare et le plus complexe, et allie plusieurs techniques en une véritable prouesse vocale.

Mais comment les chanteurs parviennent-ils à produire ces sons si singuliers ?

La technique des chants de gorge repose sur le chant diphonique, c’est-à-dire la capacité à émettre deux sons distincts simultanément. Le chanteur contrôle de manière indépendante ses cordes vocales, pour produire un bourdon grave, et ses résonateurs (gorge, bouche, nez), pour moduler les harmoniques et faire émerger la mélodie. Tout est affaire de souffle, de posture, de tension musculaire. Un art subtil et exigeant, qui demande des années de pratique.

Ces chants extraordinaires trouvent leur origine dans les pratiques chamaniques ancestrales. Imitation des sons de la nature – le vent, l’eau qui ruisselle, le galop des chevaux – et des cris d’animaux – oiseaux, loups, chameaux -, ils expriment la profonde connexion des peuples nomades avec leur environnement. Plus qu’un simple art vocal, ils sont un moyen d’entrer en résonance avec le monde, de communier avec les esprits de la steppe. Une dimension sacrée qui leur confère une véritable portée spirituelle.

Longtemps confinés aux yourtes mongoles, les chants de gorge connaissent depuis quelques décennies un rayonnement international. Transmis de génération en génération par des maîtres renommés, ils attirent aujourd’hui des disciples du monde entier, fascinés par leur étrangeté et leur beauté brute. Des festivals leur sont consacrés, des enregistrements diffusent leur mystère aux quatre coins du globe. Mais cette ouverture n’est pas sans défis : comment préserver l’authenticité de cet art traditionnel face aux tentations de la world music et du spectacle ?

Car les chants de gorge, au-delà de leur indéniable dimension esthétique, sont avant tout un patrimoine culturel immatériel précieux. Héritage unique d’un peuple fier et libre, ils portent en eux toute la poésie et la sagesse des grands espaces. À travers eux, c’est un peu de l’âme de la Mongolie qui vibre et s’élève vers le ciel. Un trésor inestimable, qu’il nous appartient de chérir et de transmettre à notre tour, comme un écho vibrant du lien intime qui unit l’homme à la nature, et à lui-même.

Photo de Jordane Feuillet

Article proposé par Jordane FEUILLET

Pianiste depuis l'âge de 8 ans et passionné de musique, Jordane FEUILLET chante aujourd'hui dans plusieurs chœurs, où il continue de perfectionner sa voix de ténor. Curieux et amoureux du répertoire classique, il partage avec enthousiasme ses conseils pour accompagner les musiciens débutants et passionnés dans leur apprentissage.

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