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Qui était Mozart ? 10 anecdotes méconnues sur sa vie

Wolfgang Amadeus Mozart est universellement reconnu comme l’un des plus grands génies de la musique classique. Enfant prodige devenu compositeur prolifique, il a laissé une œuvre immense et inégalée qui continue de nous émerveiller plus de deux siècles après sa mort. Mais au-delà de sa musique, c’est aussi une personnalité complexe et attachante qui se dévoile à travers les nombreuses anecdotes qui jalonnent sa vie. Découvrons ensemble 10 histoires insolites qui vous feront entrer dans l’intimité de ce géant de la musique.

Un prodige précoce

Le talent musical de Mozart s’est manifesté de manière éclatante dès son plus jeune âge. Enfant, il était capable de reproduire de mémoire des pièces entières après une seule écoute. Mais saviez-vous qu’à l’âge de 5 ans seulement, il avait déjà composé son premier menuet ? Cette petite pièce, évidemment très simple, témoigne néanmoins de son incroyable précocité.

Très vite, le jeune Wolfgang se produit aux côtés de sa sœur Nannerl dans toutes les cours d’Europe. Entre 1763 et 1766, la famille Mozart entreprend un véritable tour d’Europe qui les mènera de Munich à Paris en passant par Londres et La Haye. Partout, le public est ébloui par le talent du jeune prodige qui improvise, compose et joue du clavecin, du violon ou de l’orgue avec une aisance déconcertante.

Mozart n’a que 7 ans lorsqu’il se produit devant l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche et le roi Louis XV. Ces années de tournée marqueront profondément le jeune compositeur et jetteront les bases de sa brillante carrière à venir.

Un sens de l’humour particulier

Derrière son génie se cache une personnalité espiègle et malicieuse qui s’exprime particulièrement dans son goût pour les jeux de mots et les calembours. Ses lettres fourmillent de traits d’esprit, parfois grivois, qui témoignent de sa joie de vivre et de sa fantaisie débridée.

Mais c’est surtout à travers ses fameux « canons scatologiques » que s’exprime le plus librement l’humour mozartien. Dans ces petites pièces assez crues, le compositeur s’amuse avec les mots et n’hésite pas à utiliser un langage volontiers grossier, évoquant tantôt la flatulence, tantôt la défécation. Des titres comme « Lèche-moi le cul » (Leck mich im Arsch) ou « De la merde, de la merde, une bonne grosse merde » ne laissent guère de doute sur le contenu ! Si ce type d’humour peut choquer aujourd’hui, il témoigne surtout de l’insouciance et de l’exubérance du compositeur.

On retrouve également de nombreux jeux de mots dans ses opéras. Ainsi, dans Don Giovanni, le valet Leporello menace de transformer Masetto en « polpetta » (boulette de viande) dans l’air « Ho capito », ce qui n’est pas sans rappeler la pâte à boulette salée (« salsiccia polpetata ») dont raffolait Mozart ! Tout au long de sa vie, Mozart aura conservé cet esprit farceur et cet amour des blagues de potache qui font tout le sel de sa personnalité.

Un mariage tumultueux

La vie amoureuse de Mozart fut loin d’être un long fleuve tranquille. En 1782, il épouse Constance Weber, une soprano de son entourage. Leur relation sera faite de hauts et de bas, entre passion et disputes.

constance weber

Les lettres du couple nous plongent dans l’intimité de leur mariage, oscillant entre mots doux et petites chamailleries du quotidien. Mozart surnomme affectueusement sa femme « Stanzi Marini » mais n’hésite pas non plus à la taquiner sur son physique ou son caractère. Constance, de son côté, doit composer avec le tempérament fantasque et dépensier de son mari.

Malgré ces difficultés, elle restera une épouse aimante et un soutien indéfectible tout au long de leur vie commune. Après la mort de Mozart, c’est elle qui se battra pour faire reconnaître son œuvre et préserver sa mémoire, allant jusqu’à organiser des concerts et rencontrer des éditeurs. Une belle preuve d’amour et de dévouement.

Un ami des oiseaux

mozart etourneau

En avril 1784, Mozart achète un étourneau, une espèce proche du merle. Il est fasciné par le chant de cet oiseau qui parvient même à reproduire des extraits d’une de ses compositions. Selon son carnet, il aurait acheté l’oiseau 34 kreutzer après l’avoir entendu siffler un motif de son concerto pour piano n°17 en sol majeur !

Très vite, l’oiseau devient son animal de compagnie favori. Il le garde chez lui et passe de longues heures à l’écouter et à jouer avec lui. Lorsque l’oiseau meurt trois ans plus tard, Mozart est effondré. Il organise des funérailles et écrit même un poème en son hommage, pleurant son « petit fou » qui l’amusait tant.

Cet attachement de Mozart pour son étourneau montre une facette attendrissante de sa personnalité. Le compositeur vouait un amour sincère aux animaux, et en particulier aux oiseaux, lui qui était capable de passer des heures à contempler leur vol ou à écouter leur chant. Un vrai cœur d’artiste !

La rivalité avec Salieri : mythe ou réalité ?

On a longtemps présenté Mozart et Salieri comme des rivaux acharnés, allant jusqu’à propager la rumeur d’un empoisonnement de Mozart par son confrère italien. Cette légende tenace, popularisée par la pièce de Pouchkine et l’opéra de Rimski-Korsakov, est pourtant loin de refléter la réalité.

mozart salieri

Certes, Mozart et Salieri étaient en compétition pour obtenir les faveurs de l’empereur Joseph II. Mais ils avaient aussi un réel respect mutuel et ont même collaboré à plusieurs reprises. En 1785, ils composent ensemble une cantate pour voix et piano. En 1788, c’est Salieri qui dirige la première de Don Giovanni à Vienne.

S’il y eut parfois des frictions entre eux, leur relation était somme toute cordiale, empreinte d’une saine émulation artistique. Salieri reconnaissait le génie de Mozart et n’avait aucun intérêt à se débarrasser de lui. Quant aux circonstances de la mort de Mozart, elles s’expliquent davantage par son état de santé fragile que par un improbable complot.

Il est toujours tentant de romancer la vie des grands artistes, mais la réalité est souvent plus nuancée. La pseudo rivalité Mozart-Salieri est un bon exemple de ces mythes qui se construisent a posteriori et finissent par occulter une relation somme toute banale entre deux compositeurs de talent.

Un franc-maçon convaincu

En décembre 1784, Mozart est initié à la loge maçonnique « Zur Wohltätigkeit » (« Bienfaisance ») de Vienne. Il se montre très assidu et gravit rapidement les échelons, atteignant le grade de Maître.

Cette adhésion n’est pas un simple acte de sociabilité. Mozart se passionne pour les idéaux humanistes et universalistes de la franc-maçonnerie. Il s’investit pleinement et compose même plusieurs œuvres pour les cérémonies maçonniques, comme les cantates « Die Maurerfreude » (« La Joie du franc-maçon ») ou « Laut verkünde unsre Freude » (« Proclamons notre joie à voix haute »).

Son opéra « La Flûte enchantée » est d’ailleurs imprégné de symbolique maçonnique, à travers l’initiation de Tamino et les nombreuses références aux valeurs de fraternité, de sagesse et de recherche de la vérité. Même s’il ne faut pas réduire cet opéra à une simple allégorie maçonnique, il témoigne de l’engagement sincère de Mozart envers cet idéal.

La franc-maçonnerie représentait pour lui un espace de liberté et de partage, loin des carcans de la société. Il y trouvait l’occasion d’exprimer ses convictions profondes et de se ressourcer spirituellement. Cet engagement éclaire d’un jour nouveau la personnalité du compositeur et son aspiration à un monde fraternel et éclairé.

Les circonstances mystérieuses du Requiem

En juillet 1791, Mozart reçoit la visite d’un mystérieux commanditaire qui lui demande de composer une messe des morts. L’homme, vêtu de gris, refuse de décliner son identité et promet une belle somme d’argent en échange de cette œuvre.

Intrigué et séduit par le défi musical, Mozart accepte. Il se lance dans la composition de ce qui deviendra son célèbre Requiem. Mais sa santé décline rapidement et il ne parviendra pas à terminer l’œuvre avant sa mort en décembre 1791, laissant son élève Süssmayr compléter les parties manquantes.

mozart lit de mort

Les circonstances de cette commande ont alimenté les fantasmes et les spéculations les plus folles. Certains y ont vu un présage de la mort prochaine de Mozart, comme si le compositeur avait écrit son propre requiem. D’autres ont imaginé un complot visant à l’empoisonner.

La réalité est sans doute plus prosaïque. On sait aujourd’hui que le mystérieux commanditaire était en fait un certain Franz von Walsegg, un comte mélomane qui avait l’habitude de commander des œuvres à des compositeurs pour les faire passer pour siennes. Rien de bien romanesque, donc.

Mais peu importe : le Requiem de Mozart, par sa beauté émouvante et son inachèvement même, continuera de nourrir notre imaginaire. Il restera à jamais entouré d’une aura de mystère, à l’image des derniers mois de la vie de son créateur.

Un joueur de billard passionné

Parmi les nombreuses passions de Mozart, il en est une qui peut surprendre : le billard ! Le compositeur était un joueur émérite qui pouvait passer des nuits entières à s’adonner à ce jeu.

Dans une lettre à son père, il raconte avec enthousiasme une partie de billard qui a duré jusqu’à minuit. Il était réputé pour son adresse et sa précision, n’hésitant pas à défier ses amis lors de longues sessions nocturnes.

Mozart était tellement féru de billard qu’il avait fait installer une table dans son appartement de Vienne. C’était pour lui une manière de se détendre et de se changer les idées entre deux compositions. On peut imaginer le compositeur, après une journée passée à noircir des pages de partition, s’emparer d’une queue de billard et se lancer dans une partie effrénée avec ses compagnons.

mozart billard

Cette anecdote nous rappelle que les génies sont aussi des êtres de chair et de sang, avec leurs hobbies et leurs moments de détente. Loin de l’image éthérée du compositeur inspiré, Mozart était un bon vivant qui savait profiter des plaisirs simples de l’existence. Une leçon de vie en somme !

Le « clavecin à chat » : l’invention farfelue de Mozart

Saviez-vous que Mozart avait imaginé un instrument de musique pour le moins original ? Dans une lettre à son père datée de 1783, il décrit avec malice son idée d’un « clavecin à chat ».

Le principe est simple : il s’agit de placer des chats dans une boîte, la queue dépassant par des trous. En appuyant sur les touches du clavier, on actionnerait de petites aiguilles qui piqueraient les queues des chats, leur arrachant des miaulements de douleur. « On pourrait alors jouer une fugue sur le miaulement des chats », s’amuse Mozart.

piano a chats

Bien sûr, il s’agit d’une plaisanterie et jamais Mozart n’a réellement construit cet instrument de torture féline. Mais cette invention farfelue en dit long sur l’esprit fantasque et provocateur du compositeur. Mozart aimait bousculer les conventions et se moquer des bien-pensants avec ses idées loufoques.

Le clavecin à chat reste donc à l’état de boutade, mais il témoigne de l’imagination débridée et de l’humour corrosif de Mozart. On peut y voir aussi une satire des expériences scientifiques absurdes de son temps. Ou tout simplement une bonne blague potache comme Mozart les affectionnait tant !

Une sépulture anonyme

Mozart s’éteint à l’âge de 35 ans, le 5 décembre 1791, probablement des suites d’une insuffisance rénale. Conformément aux usages de l’époque pour les citoyens ordinaires, il est enterré dans une fosse commune du cimetière Saint-Marx, à Vienne.

À sa mort, Mozart n’a droit à aucun traitement de faveur. Son corps est simplement cousu dans un linceul et jeté dans une fosse avec d’autres défunts. Pas de pierre tombale, pas d’épitaphe pour honorer sa mémoire. Un anonymat qui peut choquer quand on connaît l’immensité de son génie.

Cette sépulture rudimentaire s’explique par les coutumes funéraires en vigueur à Vienne à la fin du XVIIIe siècle. Seules les personnalités de haut rang avaient droit à une tombe individuelle. Pour le commun des mortels, la fosse commune était la norme.

Conclusion

Au terme de ce voyage dans l’intimité de Mozart, c’est un homme complexe et attachant qui se dévoile. Derrière le mythe du compositeur inspiré se cache une personnalité riche et contrastée, tour à tour espiègle, passionnée, mystique ou provocatrice.

Ces anecdotes ne doivent pas nous faire oublier l’essentiel : l’immensité de son génie créateur. Mais elles nous permettent de mieux comprendre l’homme derrière l’artiste, avec ses failles et ses contradictions.

Mozart n’était pas un surhomme mais un être de chair et de sang, avec ses moments de grâce et ses petitesses. C’est peut-être cela, finalement, qui le rend si proche de nous : sa profonde humanité.

Alors, laissons-nous porter par sa musique intemporelle, mais n’oublions pas le Mozart intime, celui qui se cache derrière les notes. Car c’est dans cette alchimie entre l’homme et l’artiste que réside le véritable secret de son génie.

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